Roland
Manouvrier recherche les truffes à la mouche
Voici son interview
Mouche à
truffe (Genre Suillia)
Photographie
« La truffe, guide pratique »
Edité par le CTIFL.
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D.G.
: Roland qui êtes-vous ?
R.M. J'habite au pays de Tuber melanosporum, en
plein coeur du Périgord Noir . Ici, la seule truffe qui existe à
nos yeux, c'est la mélano et franchement, j'ai été très
impressionné par vos truffes...
D.G.
: Merci ! Cela nous fait très plaisir...
R.M. ...Je viens d'une vieille famille de caveurs Périgourdins
et mon père a planté environ 3ha de chênes, noisetiers
il y a environ 25 ans pour une partie. Cette année aurait pu être
une grande année mais le gel est passé par là... Ma méthode
favorite pour les rechercher est à la mouche
à la baguette, tandis que mon père a des chiens dressés.
D.G.
: Quel est l'avantage de la recherche à la mouche et à
la baguette ? C'est
une technique qui, à ma connaissance, n'est pas utilisée
dans les régions de l'Est de la France.
R.M. La mouche sent la truffe uniquement quand elle est bien mûre
contrairement au chien qui a la capacité de la sentir avant. Par contre,
la dimension poétique et spirituelle de la recherche à la mouche
est plus évidente : Imaginez, parcourir les truffières avec
une baguette pour lever les mouches, c'est comme un acte de magie. Jouer avec
son ombre pour l'avoir toujours dans son dos afin de ne pas effrayer les mouches
sur le brulis et de tapoter sur le sol, avec de temps en temps une nuée
de mouches couleur or s'envolant au bout de la baguette et là enfoui,
le diamant noir...
D.G.
: ...La recherche à la mouche est donc un acte poétique
?
R.M. Oui.
Et je pense à Fédérico Garcia Lorca qui
dans un poème (Le romancero gitano) parlait d'un
esprit libre (représenté par un gitan nommé
Antonio Torres Herredia) qui tenait à la main une baguette
d'osier... Ce poème a toujours représenté
à mes yeux un hymne à la liberté de penser,
d'aller... comme le vent, d'aller contre les idées établies
et préconçues. C'est cet esprit qui anime l'homme
cherchant la truffe à la baguette.
D.G.
Vous
connaissez bien le monde de la truffe, que pensez-vous de la
recherche au cochon ?
R.M. Je ne l'ai jamais vu pratiqué.
Cela fait plus parti de l'image d'Epinal qu'autre chose. Il existe
cependant un film tourné dans le Lot sur le sujet. L'avez
vous vu ?
D.G.
Non, mais j'ai vu plusieurs reportages TV sur le sujet : C'est
pas sorcier, Cartes gourmandes... Pour beaucoup de gens cette
technique est la plus connue et semble encore utilisée
couramment. Vous affimez l'inverse !
R.M. Je n'ai pas connaissance s'il existe
encore un cochon truffier en Périgord ! Le problème
du cochon c'est qu'il recherche la truffe pour la manger donc
il faut être très vigilant et costaud quand il en
marque une pour l'empêcher de la manger. Ensuite, il retourne
énormément la truffière et pour finir il
est très encombrant...
D.G.
Merci beaucoup pour ce voyage dans ce pays de la liberté.
Janvier
2002
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